Ils sont anarchistes, donc ils sont des terroristes
La plupart des lois antiterroristes grecques ont été promulguées en 2001, après les attentats du 11 septembre aux États-Unis, par le gouvernement du PASOK (le parti socialiste grec). Leur cible principale étaient le “organisations criminelles”. En 2004, le gouvernement de Nea Démocratie (droite) a introduit l’accusation d’”organisation terroriste” et l’article 187A. Celui-ci définit quels sont la nature et les buts d’une organisation “criminelle” et d’une organisation “terroriste”, ainsi que la définition de “terroriste individuel”. Aucun acte concrète n’est nécessaire pour l’application de ces définitions, qui se basent sur les intentions et laissent une large marge de manœuvre aux juges. Nikos Romanos a été condamné en 2014, avec d’autres compagnons, à 14 ans et 10 mois à la suite d’un double braquage dans la ville de Velvento, région de Kozani. L’accusation de faire partie de la Conspiration des Cellules de Feu n’a pas tenu, alors l’État grec les a, par la suite, condamnés pour “terrorisme individuel” (ce qui porte à des rallongements des peines écopées pour le braquage). Entre-temps, d’autres compas aussi commencent à être jugées avec cette interprétation extensive de l’article 187A. Ici un autre texte de Nikos à ce propos.
Cet entretien est tiré du journal grec Apatris et traduit en anglais par Crimethink.
Crimethink / mardi 19 mars 2019
Apatris : De quelle façon la nouvelle interprétation de la loi anti-terroriste touche ton cas ? Nikos Romanos : Cette condamnation a un effet important pour nous, puisque cela signifie que certains d’entre nous passeront deux ou trois ans en plus en prison. Étant donné qu’on est en taule depuis plus de cinq ans, cette condamnation doit être vue comme une tentative de créer un statut de captivité permanente, basé sur loi “antiterrorisme” (art. 187A). Dans sons application, cette loi a pour but de produire le spectre de l’”ennemi intérieur”.
Des sentences déshumanisantes, une nouvelle interprétation répressive et l’application arbitraire de l’article 187A, la criminalisation de l’identité (politique) anarchiste, toutes ensemble ces mesures constituent un réseau de répression pénale qui enveloppe méthodiquement le mouvement anarchiste et ses militant.e.s emprisonné.e.s.
Cette condamnation précise ne doit pas être interprétée comme une attaque contre certains individus. Nous devons reconnaître qu’elle se situe dans la continuité de la politique antiterroriste grecque, qui a pour but de serrer un nœud coulant autour du cou de l’ensemble du mouvement anarchiste.
L’État profite du morcellement et de la manque d’analyse radicale qui caractérise le mouvement, comme la société dans son ensemble, pour intensifier ses attaques.
A. : Votre condamnation pour terrorisme individuel est la première de ce type en Grèce. L’article 187A de la loi anti-terrorisme laisse délibérément beaucoup de marge à l’interprétation de chaque juge, ce qui élargi l’arsenal que l’État a à sa disposition pour réprimer. Comment devrions-nous répondre à une loi de ce type et aux autres condamnations comme la votre, qu’on peut deviner qui suivront ? N.R. : Ce qui donne des moyens accrus à l’État est la nature politique de la loi 187A, qui légitime toute interprétation possible de cet article. Nous avons affaire à une loi qui réalise en pratique le dogme de la « guerre au terreur » américaine. Cette loi prépare le chemin pour une chasse aux sorcières impitoyable contre les « ennemis intérieurs » et tou.te.s ceux/celles qui sont vu.e.s comme une menace pour l’État et les intérêts capitalistes.
En ce qui concerne notre réponse à ce processus, à mon avis nous devons avant tout comprendre que nous avons besoin d’un mouvement subversif organisé. Un mouvement qui soit capable de déstabiliser et de saper l’État et les plans des patrons capitalistes et de leurs pantins politiques, dans nos régions.
Pour être plus précis, nous devons commencer un processus d’auto-critique afin d’analyser nos erreurs, nos carences, nos faiblesses organisationnelles. Cette auto-critique ne doit ni nous caresser dans le sens du poil, ni laisser de la place au pessimisme et au désespoir. Notre but devrait être celui d’aiguiser la lutte subversive dans toutes les formes qu’elle peut prendre, afin de la transformer en un danger réel pour tout dirigeant. Une partie de ce processus est la reconstruction de notre mémoire historique, de façon qu’elle serve de boussole pour les stratégies de combat que nous employons. Nous devrions recommencer à parler de l’organisation de différentes formes de violence révolutionnaire, des pratiques d’illégalisme révolutionnaire et de la nécessité de les diffuser au sein du mouvement, de façon à triompher des « politiciens » (dans le sens sale et civil du terme) qui ont infecté nos milieux.
Cette discussion sera vide et sans effets si elle n’est pas connectée aux initiatives politiques des compas, afin de combler les lacunes dans notre pratique et d’améliorer nos perspectives à partir de ses conclusions. La meilleure réponse aux attaques judiciaires contre le mouvement est de faire en sorte que ceux qui les décrètent payent un coût politique élevé. Cela devrait arriver à l’entière pyramide de l’autorité – tout le monde, depuis les instigateurs politiques de la répression, jusqu’aux hommes de paille qui la mettent en œuvre, devrait partager la responsabilité pour la répression du mouvement.
Cette réponse est une partie du contexte historique général de notre époque, c’est notre proposition politique. Comme réponse aux guerres entre les nations, nous ne proposons rien de moins qu’une guerre de libération dans les métropoles capitalistes, une guerre de chacun.e contre tout ce qui est favorisé par le capitalisme.
A. : De quelle manière cette nouvelle interprétation de la loi touche les compas en dehors des murs des prisons, qui réfléchissent à s’engager dans l’action ? N.R. : Cette décision crée un précédent vraiment négatif, qui augmentera l’ampleur de la répression pénale à l’encontre des anarchistes qui agissent et ont la malchance d’être capturé.e.s et et de devenir prisonnier.e.s de l’État grec. En substance, avec cette interprétation de la loi, ce qui est criminalisé est l’identité politique anarchiste. Dans la bouche du Procureur en Appel, ça donne : « Qu’est ce que ces actes pourraient-ils être d’autres que terroristes, puisque les accusés sont anarchistes ? ». Avec la nouvelle interprétation de « terrorisme individuel », ce n’est pas nécessaire, pour le mécanisme judiciaire, de tenter d’associer l’accusé avec l’action d’une organisation révolutionnaire, comme c’était le cas par le passé. L’identité politique de quelqu’un.e et le fait de garder une position intransigeante à son procès sont assez pour qu’une personne soit condamnée comme « terroriste individuel ». Quiconque choisisse de combattre selon les principes de l’anarchie peut donc être condamné.e en tant que terroriste, dés que ses choix la/le mettent au delà du cadre établi par la légitimité civile.
Bien entendu, cela ne doit pas diffuser le défaitisme. Au contraire, c’est une raison de plus pour intensifier notre lutte contre la domination capitaliste. Quiconque arme sa conscience pour arrêter le cycle brutal d’oppression et d’exploitation sera certainement la cible de traitements vindicatifs et autoritaires de la part du régime. Cela ne signifie pas que nous abandonnerons notre combat, dans un tribunal ou ailleurs.
Le fait que l’anarchie est ciblée par l’oppression étatique même dans un époque de reflux du mouvement devrait être source de fierté pour le mouvement anarchiste, la preuve que la lutte pour l’anarchie et la liberté est la seule façon décente de résister au totalitarisme de nos temps.
Regardez autour de vous, mais faites-le avec vos propres yeux. Voyez-vous comment la planète est devenue une gigantesque poubelle industrielle ? Voyez-vous comment les États étranglent les esprits et portent la guerre et le massacre partout ? Voyez-vous comment tout repose autour de nous sur l’exploitation et l’oppression de milliards de personnes ? Pouvez-vous encore compter les millions de morts de cet immense bain de sang sur lequel ce monde a construit ses gratte-ciels, ses supermarchés et ses usines ? Les affamés, les noyés, les massacrés, les bombardés, les irradiés, les torturés, les voyez-vous toutes ces piles de cadavres entassés ?
Peut-être. Mais tout est fait pour que vous n’en voyiez rien. Vous êtes exploités au travail, où vous accomplissez des tâches dont le sens vous échappe, sans la moindre satisfaction. Vous produisez des objets nuisibles, des aliments toxiques, des instruments de mort, des marchandises inutiles. Vous surveillez votre semblable, vous le tenez en laisse par l’administration, les papiers, les allocations. Vous êtes contrôlés à chaque instant de votre vie, tenus à l’œil par mille caméras et anesthésiés par mille drogues et ersatz. Vous êtes dégradés en votre for intérieur, car vous vivez avec, pour et grâce aux appareils technologiques qui vous dominent. Vous ne voulez plus rien qui ne soit déjà pré-formaté pour vous, vous ne désirez plus rien qui ne s’affiche déjà sur les écrans. Vous ne faites, en fin de compte, qu’obéir.
Et pourtant, c’est à vous tous que nous adressons ces paroles. Car nous nous reconnaissons aussi dans ce sombre tableau. Il faut avoir le courage de regarder les choses en face, et de se regarder soi-même dans le miroir. Que sommes-nous devenus ?
Les ennemis de la liberté sont forts. L’État dispose de puissants moyens de coercition et de contrôle (de la police à l’armée, de la prison à l’école, de l’administration aux tribunaux). Les capitalistes ne cessent de progresser dans le perfectionnement de l’exploitation. Les chercheurs rajoutent chaque jour un nouveau barreau à notre cage technologique. Les politiciens, les chefs religieux, les intellectuels au service de l’ordre tiennent fermement en main les troupeaux humains.
Mais voyez-vous, rien n’est complètement perdu. Nous en sommes convaincus au plus profond de nos cœurs. Car d’autres choses sautent également aux yeux. Hier, ce sont des régions entières qui se sont insurgées au cri de la liberté ; aujourd’hui, une vague de révolte déferle sur l’hexagone français et ailleurs. Des poignées d’insurgés lancent des attaques à tout va. Des casernes crament. Des entreprises crament. Des chantiers de nouvelles horreurs crament. Des institutions crament. Des laboratoires crament. Des antennes-relais crament. La rage montre ses dents.
Rien n’est complètement perdu. Chaque individu recèle en lui le choix de s’insurger. Seul ou avec d’autres, mais toujours en affrontant le pouvoir, en luttant. C’est le défi de la liberté qui réveille la dignité offusquée, la vie piétinée, le rêve aplati. Voilà pourquoi se battent les anarchistes, ces ennemis de tout pouvoir : réveiller la liberté, la liberté qui viendra avec un couteau entre les dents.
Début février 2019, dans la Suisse montagneuse, un anarchiste a été jeté en prison [1]. On l’accuse d’avoir appelé à la révolte contre le pouvoir, et d’avoir agi contre l’État, le militarisme et la guerre, notamment en livrant aux flammes dix véhicules de l’armée suisse sur la base militaire de Hinwill en 2015 et en brûlant une antenne-relais des services de police à Zurich en 2016.
Ce compagnon anarchiste pris en otage par l’État est le nôtre. Solidaires avec lui, continuons de conjuguer la pensée libératrice et l’action destructrice, rivant nos regards sur l’ennemi. Solidaires avec tous les prisonniers anarchistes, continuons d’aller de l’avant sur les sentiers révolutionnaires de la seule guerre qui vaille : la guerre contre tous les oppresseurs et les exploiteurs, la guerre pour la liberté. Donnons à la vie l’exquise élévation de la rébellion du bras et de l’esprit.
Solidarité avec les prisonniers anarchistes
Mort à l’État
Des anarchistes de Zurich, Franche-Comté, la plaine d’Alsace et le massif vosgien, la Meuse, Paris et banlieue, Marseille, Bruxelles, Gand, Amsterdam, Barcelone, Berlin, Munich, South London, les Alpes occidentales, Trieste, Rome, Milan, Pise, Naples, le Salento, Sicile, Montréal.
Pour recevoir des exemplaires de cette affiche, vous pouvez écrire à anarchistes_solidaires@riseup.net
Des dizaines d’éditeurs et de distributeurs indépendants, des ONG et des groupes d’action de Belgique, des Pays-Bas, de France et du Royaume-Uni, entre autres, présenteront leurs publications à la foire.
L’accès au salon du livre est gratuit. Plusieurs stands présenteront des livres en français !
Les portes s’ouvrent à 10 heures et la foire se poursuit jusqu’à 18 heures à De Schuur/Timelab, Meibloemstraat 86, Gand.
Cette année, la Foire du livre alternatif de Gand est (bien sûr), accueillant également sa traditionnelle afterparty.
Après la foire du livre de cette année, nous aurons l’occasion de secouer une jambe sur les airs de :Nice Guys (Ska) et Black Vortex Engine (Dub)
Italie – Grèce : Face à la répression à Turin, Trente et Rovereto, la solidarité c’est l’attaque [7-21 février 2019]
[Ci-dessous une liste des manifs offensives et attaques réalisées en solidarité non seulement avec les compagnon-ne-s de Turin en proie à la répression (Pour leur écrire : Rizzo Antonio, Salvato Lorenzo, Ruggeri Silvia, Volpacchio Giada, Blasi Niccolò, De Salvatore Giuseppe – C.C. Lorusso e Cutugno, Via Maria Adelaide Aglietta, 35 10149 – Torino, Italie), mais aussi avec celles et ceux de Trente et de Rovereto arrêté.e.s le 19 février 2019, accusé.e.s de divers attaques incendiaires.]
Milan, 21 février : attaque d’une banque en solidarité
Cette nuit [du 20 au 21.02], nous avons attaqué la banque Intesa san paolo di Viale Umbria à Milan. Nous avons détruit toutes les vitres et le distributeur de billets au marteau.
Liberté pour les compagnon.ne.s de Turin !
Liberté pour les compagnon.ne.s de Trente et de Rovereto !
[Traduit par Sans Attendre]
Pinerolo, 21 février : Attaque en solidarité avec les anarchistes arrêté.e.s
Cette nuit [entre le 20 et le 21.02.2019], nous avons attaqué le bureau de poste de Pinerolo, solidaires et complices avec les anarchistes arrêtés à Turin et dans le Trentin, et avec les compagnons arrêtés pour les événements de Florence et pour l’opération Scripta manent. SALVINI BOIA – L’ASILO EST PARTOUT »
Milan, 15 février : Action en solidarité avec les compagnons de Turin
Hier dans la nuit, nous avons brisé à coups de marteaux le DAB et les vitrines de la banque Intesa-San Paolode Via Meda. Sur la porte, le tag : « Liberté pour les compagnons arrêtés à Turin ».
On a choisi Intesa-San Paolo parce que c’est l’un des plus importants responsables de la gentrification du quartier Aurora [à prox. de l’Asilo à Turin], responsable par conséquent de l’expulsion de l’Asilo et, d’une certaine façon, de l’arrestation des compagnons.
Liberté pour tous, liberté pour toutes
Venise, 12 février : attaque d’un DAB
Dans la matinée du mardi 12 février, selon toute probabilité, quelques bourgeois ou touristes se seront retrouvés déconcertés et indignés de ne pas pouvoir retirer à l’Unicredit de San Pantalon à Venise, «Le terroriste, c’est l’État! Solidarité avec les arrêté*e*s de Turin! » Les forces du M.A.L. ont encore frappé … dans le silence assourdissant des journaux infâmes, contre la ville vitrine, broyons-la ! LIBERTE POUR TOU*TE*S
Turin, 10 février : Attaque incendiaire contre la prison
Dans la soirée du 10 février, lors de la manifestation devant la prison « les Vallettes » de Turin, après les émeutes qui ont suivi l’expulsion du squat l’Asilo, un cortège d’une centaine de personnes a avancé jusqu’aux abords de la prison en solidarité avec les personnes interpellées, des slogans « feu aux prisons » et quelques fumigènes ainsi que des cocktails Molotovs ont été lancés sur des murs de la prison. Un incendie a ensuite été déclenché par le jet d’un engin incendiaire au-dessus de l’enceinte de la prison (le compost et les ateliers de pâtisserie-boulangerie ont pris feu), les flammes ont fait exploser des bonbonnes de gaz et un pan de l’atelier s’est écroulé un peu plus tard dans la soirée.
Au sein de la prison étaient détenues les 11 personnes emprisonnées (libérées depuis) suite aux émeutes ayant suivi l’expulsion du squat de l’Asilo et les 6 personnes incarcérées lors de l’expulsion (pour association subversive).
[Reformulé de la presse par cracher dans la soupe (revue ici-même), 13.02.2019]
Thessalonique (Grèce), 9 février : explosion solidaire contre la chambre du commerce italo-grecque
Le samedi 9 février, nous avons attaqué la chambre de commerce italo-grecque de Thessalonique, laissant un engin explosif devant l’entrée principale, une action qui n’a pas été divulguée par les médias.
Cette attaque est une réponse à la répression exercée par l’État italien, avec le dernier exemple de l’opération d’expulsion de l’Asilo de Turin.
Au petit matin du jeudi 7 février, l’occupation a été expulsée et le même matin, six compagnons ont été arrêtés sous prétexte d’association subversive. L’occupation existe depuis 24 ans et constitue un point de référence pour les actions continues menées contre les centres de détention pour immigrés, contre les expulsions de logements populaires et contre l’embourgeoisement des quartiers. Ce coup répressif arrive à la fin d’un climat de persécution qui a frappé les anarchistes turinois ces dernières années, notamment par des arrestations, des obligations et des interdictions de séjour, et bien plus encore.
Cette attaque est un signe de solidarité envers les compagnons de Turin qui continuent à lutter
C’est aussi un signe de solidarité avec Spyros Christodoulou, en grève de la faim depuis le 14 janvier. Tiens bon Spyros.
CRÉONS DES LIENS DE SOLIDARITÉ ENTRE LES FRONTIÈRES QUI NOUS DIVISSENT
POUR UN MONDE SANS PRISON
SOLIDARITÉ AVEC L’ASILO OCCUPATO
LIBERTÉ POUR LES 6 ARRÊTÉS
LIBERTÉ POUR BATTISTI, MORT À L’ÉTAT
LIBERTÉ POUR LES PRISONNIERS DE L’OPÉRATION SCRIPTA MANENT ET PANICO
POUR L’ANARCHIE
[Publié sur indymedia athènes]
Turin, 9 février : manifestation et bordel en solidarité
Une manifestation a eu lieu en solidarité le 9 février, des voitures et des vitrines ont été attaqués, des poubelles en feu, un bus attaqué, également les portes de la mairie … 11 personnes ont été arrêtées toutes ont été libérés (avec obligation de pointer au comico pour tous et pour six d’entre elles un avis d’expulsion « foglio di via » de la ville de Turin a été émis).
Milan, 9 février : action en solidarité avec les arrêtés du Turin
Dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9, une succursale de la poste italienne de la rue d’Agrate a été attaquée. La porte d’entrée et le guichet automatique ont été brisés à coup de marteau. Un tag a été laissé « FEU AUX CPR » ET « SOLIDAIRE AVEC LES COMPAGNONS ARRÊTES A TURIN
Bologne, 7 février : cortège en solidarité avec les arrêtés de Turin
Jeudi 7 février au soir, un cortège composé d’une trentaine de personnes « solidaires avec les personnes arrêtées à Turin et avec l’Asilo en cours d’expulsion » (texte de la banderole de tête) a traversé les rues du quartier de Bolognina avec des interventions au mégaphone, tags sur les murs et collage d’affiches autour des faits de la journée. Les vitres et les guichets automatiques d’une BPM brisées le long de la route. La Banque Populaire de Milan est l’une des banques actionnaires de Alba Leasing, propriétaire de l’immeuble du futur Centre de rapatriement de Modène.
Nous connaissons tous les taxonomies biologiques, qui classent les organismes vivants du règne jusqu’à l’espèce, en passant par l’embranchement et le genre. Bien qu’il existe des dizaines de millions d’espèces vivantes ayant des formes, des tailles et des habitats très différents, il est possible d’utiliser une taxonomie afin d’identifier rapidement un groupe très réduit.
Lorsque nous cherchons des stratégies et des tactiques efficaces, nous devons trier des millions d’actions passées et potentielles, dont la plupart se sont soldées par des échecs historiques ou ont abouti à des impasses. Une brève et grossière taxonomie de la résistance peut nous faire gagner beaucoup de temps et nous épargner bien des angoisses. À l’aide d’une catégorisation des actions, nous pouvons déterminer rapidement quelles tactiques sont vraiment efficaces et appropriées pour sauver la planète (ainsi que pour de nombreux types plus spécifiques d’activisme visant la justice écologique et sociale). Une taxonomie de l’action peut nous suggérer des tactiques que nous n’aurions peut-être pas envisagées autrement.
Nous pouvons schématiquement diviser l’ensemble de nos tactiques et de nos projets en deux catégories : les actes d’omission et les actes de commission (figure 6-1, « Une taxonomie de l’action », p. 285). Bien entendu, ces catégories se recoupent parfois. Une manifestation peut être un moyen de faire pression sur un gouvernement, une manière de sensibiliser l’opinion publique, une tactique ciblée de perturbation économique, ou les trois à la fois, selon l’intention et l’organisation. Par ailleurs, une tactique peut parfois en soutenir une autre ; un acte d’omission comme une grève est susceptible d’être bien plus efficace lorsqu’il est accompagné d’une propagande et de manifestations.
Avant de procéder à un rapide tour d’horizon des options taxonomiques de résistance dont nous disposons, il convient de vous avertir. L’Histoire peut beaucoup nous apprendre, mais ses leçons s’accompagnent d’un certain fardeau. Oui, les histoires de ceux qui ont choisi de contre-attaquer et de lutter sont pleines de courage, de drames et d’ingéniosité. Et, oui, de leurs triomphes et de leurs échecs, nous pouvons nous inspirer, nous imprégner. Mais ce faisant, nous apprenons également, et tel est le fardeau de l’Histoire, qu’il n’y a aucune solution de facilité.
Dans Star Trek, tous les problèmes peuvent être résolus au dernier moment de la scène finale en inversant la polarité des boucliers déflecteurs ; mais cela n’a rien à voir avec la réalité, ou avec notre avenir. Chaque victoire de la résistance a été obtenue dans le sang et les larmes, au prix d’angoisses et de sacrifices. Ce que l’Histoire nous enseigne douloureusement, c’est que les moyens de résister sont limités, qu’ils ont déjà été inventés, et qu’ils impliquent tous une lutte intense et risquée. Lorsque les résistants l’emportent, c’est bien souvent parce qu’ils ont combattu avec plus d’acharnement que ce qu’ils pensaient possible.
Voilà l’autre partie du fardeau dont nous héritons. Quand nous aurons appris les histoires de ceux qui se sont battus – quand nous les aurons vraiment apprises, quand elles nous auront fait pleurer, quand nous les aurons gravées dans nos cœurs, quand nos corps les porteront comme l’ancien combattant porte ses éclats d’obus – nous n’aurons plus d’autre choix que de combattre nous aussi. Alors, seulement, nous pourrons espérer nous montrer dignes de ce qu’ils ont accompli. Certains ont combattu dans les conditions les plus hostiles et les plus épouvantables qu’on puisse imaginer ; ils sont nos prédécesseurs dans la lutte pour la justice et pour un avenir soutenable. Mais ceux qui luttent n’appartiennent pas qu’au passé, ils existent aussi au présent [« Le verbe résister doit toujours se conjuguer au présent », disait Lucie Aubrac, NdT]. Et on ne les compte pas seulement parmi les êtres humains, mais parmi tous ceux qui ripostent.
Nous devons lutter. Si nous ne le faisons pas, nous mourrons, et pas uniquement dans le sens d’une mort physique. Lorsque vous aurez vraiment pris la mesure de l’abnégation, de la persévérance et de la bravoure dont les résistants ont fait preuve durant les périodes les plus sombres, il vous faudra soit agir, soit mourir en tant que personne morale. Nous devons combattre, non seulement pour triompher, mais pour montrer que nous sommes à la fois vivants et dignes de cette vie. »
Résumé
Depuis des années, Derrick Jensen pose régulièrement la question suivante à son public : « Pensez-vous que cette culture s’engagera de manière volontaire dans une transformation vers un mode de vie véritablement soutenable et sain ? » Personne, ou presque, ne répond par l’affirmative. Deep Green Resistance (DGR) commence donc par établir ce que les écologistes « mainstream » se refusent à admettre : la civilisation industrielle est manifestement incompatible avec la vie sur Terre. Face à l’urgence de la situation, les « technosolutions » et les achats écoresponsables ne résoudront rien. Pour sauver cette planète, nous avons besoin d’un véritable mouvement de résistance en mesure de démanteler l’économie industrielle.
Les auteurs
Derrick Jensen est un écrivain, un philosophe et un activiste états-unien, auteur de plus de 20 livres dont plusieurs best-sellers. Sa perspective est l’une des plus cruciales du mouvement écologiste. Parmi ses ouvrages, on retrouve notamment A Language older than Words, The Culture of Make Believe et les deux volumes de Endgame.
Lierre Keith est une écrivaine, féministe radicale, écologiste et militante pour la sécurité alimentaire. Son ouvrage Le mythe végétarien : Alimentation, Justice et Durabilité a été appelé « le livre écologiste le plus important de sa génération ».
Aric McBay est un militant et un petit agriculteur biologique. Il est également co-auteur, avec Derrick Jensen, du livre What We Leave Behind.
L’importance de ce livre
DGR évalue les options stratégiques qui s’offrent à nous, de la non-violence à la guérilla, et pose les conditions nécessaires à une victoire. Ce livre explore aussi les sujets, concepts et modes opératoires des mouvements de résistance et des grandes luttes de ces derniers siècles : les types de structures organisationnelles, les modalités de recrutement, la sécurité, les choix des cibles, etc. DGR n’est pas seulement un livre, c’est aussi un mouvement qui propose un plan d’action concret. Il s’agit d’une lecture obligatoire pour tout militant souhaitant comprendre les enjeux de notre temps, l’idéologie et les faiblesses de la culture dominante ainsi que les stratégies et tactiques de lutte efficaces.
Disponible sur la distro de l’Arrosoir, ici ou chez votre libraire de quartier.
Illustration de Prenzy avec vente d'impressions sérigraphiées en soutien aux prisonnier.e.s :
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[URGENCE : ACCÉLÉRATION FASCISTE EN ITALIE]
Il y aurait évidemment tant à dire sur les luttes en cours, les gilets jaunes qui continuent malgré la répression, les camarades qui repoussent l’extrême droite à Lyon, ces derniers qui attaquent à Toulouse (en étant repoussés et en quittant la manif) …
Mais ce texte (qui risque d’être un peu long) est une urgence internationaliste, regroupant des informations importantes, des moyens d’apporter une solidarité, des éléments de contexte historique, et une réflexion sur ce qui pourrait nous arriver.
Le texte publié ici fait suite à l’expulsion du squat politique l’Asilo Occupato à Turin jeudi 7 février.
LES CENTRI SOCIALI
Impossible de raconter ce qui se passe en Italie sans contextualiser un peu. En Italie, les occupations illégales à caractère politique ne ressemblent pas tout à fait à ce que l’on connaît en France. Occupés depuis de nombreuses années, parfois les années 1970 (et ce n’est pas si rare), certains sont seulement des lieux d’activités politiques, culturelles et sociales, d’autres sont aussi des lieux d’habitation. On appelle ça un Centro Sociale (Centre social), il y a le C.S.O.A. = centre social occupé autogéré, le C.S.A. = centre social autogéré, enfin plusieurs déclinaisons de ce phénomène.
Il y en a beaucoup en Italie, ils sont des lieux importants de vie collective et d’organisation politique. Ils sont liés à ce que l’on appelle là-bas les antagonistes, et sont aussi de plusieurs couleurs politiques, traversés évidemment par des contradictions (comme toute activité humaine), des enjeux internes propres, des situations différentes, et des idéologies politiques différentes. Certains lieux deviennent moins radicaux avec le temps, d’autres tentent tant bien que mal de rester fidèles à l’esprit de leur ouverture…. Les réalités sont très diverses en fonction des lieux. On en trouve dans toute l’Italie, et dans de très nombreuses villes, parfois en belle quantité.
C’est à Rome que se trouve probablement le plus grand squat d’Europe, le Csoa Forte Prenestino dont vous pouvez suivre l’activité sur la page Eventi CSOA Forte Prenestino, occupant depuis plus de 30 ans une forteresse militaire du 19ème siècle. Big up aux occupant.e.s !
Ces lieux se sont illustrés (parfois malheureusement c’est un peu trop passé, pour d’autre lieux c’est toujours le cas) dans de nombreuses luttes. Ils ont subi une terrible répression autour du G8 de Gènes car très actifs pendant la période. Ils sont insérés dans les luttes comme le NO TAV (le notre dame des landes italien), organisent des évènements de solidarité, des salles de sport populaire, des espaces de discussion, de rencontre, des manifestations, des cortèges. des projections, des repas, des fêtes, des concerts, des débats, des festivals …
Ce sont réellement des lieux de vie. #DefendYourLocalSocialCentre
DEFENSE DES CENTRI SOCIALI & ANTIFASCISME
Ils ont souvent été déféndus par des manifestations offensives et déterminées. La police italienne se souvient encore de sa terrible déroute lors de l’expulsion du Leoncavallo à Milan en 1994, dont vous pouvez voir des images ici :
Un cortège déterminé de 100 000 personnes envahit la ville et met la police en très grande difficulté.
Nous nous souvenons aussi de la défense et de la ré-occupation le lendemain du centro sociale ESC dans le quartier de San Lorenzo à Rome en janvier 2007. Et l’on peut retrouver la trace de nombreuses histoires de ce type.
Tous, ou presque, ont en tout cas très vite compris que la ligue du nord (aujourd’hui « la lega ») ne serait pas leur amie. En effet, ce sont aussi des lieux de diffusion d’une culture antifasciste et beaucoup se positionnent contre toute forme de discrimination et d’oppression (qui est une lutte menée aussi en interne). C’est tout naturellement qu’ils ont participé ou organisé de nombreux cortèges contre les partis racistes et particulièrement la ligue du nord, bien avant que Salvini ne soit Ministre de l’Intérieur (devrait-on dire Premier Ministre tant il pèse sur le gouvernement ?).
D’ailleurs, la presse ne manquait pas de dire à chaque fois « les centri sociali dans la rue contre la venue de Salvini ».
De fait, il y a une hostilité réciproque entre les centri sociali et Salvini, aujourd’hui ministre de l’Intérieur.
Il est aussi important de rappeler que l’extrême droite a aussi maintenant ses squats, souvent appelés (par eux-même) « occupations non conformes » ou « espaces non conformes », bien moins nombreux que les centri sociali, ils se multiplient quand même ces dernières années sous l’impulsion de CasaPound. Et c’est un élément intéressant pour la suite. Mais clairement, il y a peut être cent fois plus de centri sociali que d’occupations d’extrême droite. Cela dit, c’est beaucoup moins négligeable qu’il y a 15 ans. Même si c’est un phénomène minoritaire, il reste problématique. Et c’est ce qui inspire le Bastion Social en France, ou le Hogar Social en Espagne. Bizarrement, les liens sont très forts entre ces diverses fractions, mais c’est encore un autre sujet qui mériterait qu’on s’y penche grandement.
Nous voulions simplement rappeler l’hostilité historique réciproque entre les centri sociali et l’actuel ministre de l’intérieur. On attendait le moment où il allait finalement l’exprimer par la force. Ce moment est arrivé. La guerre semble déclarée. #CheLaRabbiaEsplode
Après les évènements à Rome autour de la mort de Désirée l’automne dernier, dont nous avons parlé sur cette page. Tuée et violée dans un lieu abandonné (et non squatté politiquement), le ministre de l’intérieur n’a pas manqué d’accuser le phénomène des occupations illégales, comptabilisant les occupations politiques de Rome. Cependant, il a soigneusement évité de parler de Casapound. Il a donc appelé à l’expulsion de toutes les occupations illégales, mais a toujours écarté l’idée pour les néofascistes quand la question lui était posée.
A savoir que la mairie de Rome a enfin voté l’expulsion du siège de Casapound Italia (CPI) à Rome, édifice de plusieurs étages occupé depuis 2003, à deux pas de la gare centrale, en plein coeur d’un quartier à la mixité sociale forte. C’est une grande victoire, même si l’on en comprend toutes les limites : cette expulsion s’appliquera-t-elle ? Si oui, quand ? La police, qui vote en nombre pour CPI, appliquera-t-elle les ordres ? Le ministre de l’Intérieur va-t-il s’y opposer, lui qui prenait un selfie au restaurant avec les cadres du mouvement néofasciste ou s’affiche avec des vêtements de la marque Pivert, fondée par un des cadres de CPI? #DeuxPoidsDeuxMesures#OnPeutVousAiderALesVirer
Rappelons-le, Désirée n’est pas morte dans un centro sociale, et les militant.e.s des centri sociali du quartier ont organisé une grande vague de solidarité à la famille de la victime. Le prétexte restait tout trouvé.
La sentence n’était pas encore tombée.
EXPULSION DE L’ASILO & REPRESSION FASCISANTE
Jeudi 7 février, des centaines de policiers ont encerclé l’Asilo Occupato à Turin, lieu qui allait fêter ses 25 ans d’occupation, et selon la presse et le gouvernement très lié à des groupes anarchistes. Les occupants ont résisté comme ils pouvaient, se barricadant sur le toit. Le quartier a été bouclé par la police, les soutiens ont subi une répression violente dans la rue. La préfecture parle de « tanière de subversifs ». L’expulsion a été lancée dans le but d’arrêter des militants qui s’étaient mobilisés contre les centres de détention de migrants en Lybie.
Le site Non Fides écrit : « parallèlement, sept arrestations ont été effectuées (il pourrait y en avoir huit) dans le cadre d’une enquête menée pour une association de malfaiteur (article 270 bis) dans le cadre de la lutte contre les centres d’internement et de rapatriement des personnes migrantes.
La répression actuelle ne s’arrête pas là : dans l’immeuble en face de l’asilo, des compagnons ont décidé de faire entendre la radio directement sur le balcon, ils ont été surpris par une panne de courant provoquée par les policiers qui les attendaient en bas de l’immeuble. Des contrôles d’identité ont eu lieu dans la zone d’Aurora, mais pas seulement, la police attendait également à l’extérieur de la station de Porta Susa. À 6 heures, Via Cecchi s’est tenu un rassemblement qui s’est rapidement transformé en cortège »
A lire ici : http://www.non-fides.fr/…
Si nos calculs sont bons, il y aurait maintenant une vingtaine de personnes arrêtées et en prison suite aux manifestations et émeutes qui ont suivi. Le samedi 9 février a connu une manifestation très chaude, qui aura fait les choux gras de la presse. Une autre manifestation sauvage a attaqué la prison à coups de « bombe carta » et de molotov, réussissant à faire prendre feu à un bâtiment de la prison. La presse n’a pas manqué non plus de relever que la fumée a été incommodante pour les détenus, dont les conditions de détention auront été dégradées. On entend malheureusement moins de voix quant aux conditions de détention le reste du temps. #QuandCestLaPoliceOuLesMatonsCaVousGêneMoins
Bref, le récit des résistances serait aussi très intéressant à détailler largement, mais nous allons nous pencher sur la répression et ce qu’elle signifie. Vous en avez déjà un petit aperçu avec la citation de Non Fides.
Pour plus d’informations, vous pouvez suivre les pages Macerie, Radio Blackout 105.250, InfoAut et leurs articles (en italien mais peut être bientôt sur Infoaut_English ?) et le profil Macerie Torino. Vous retrouverez aussi quelques liens en fin du texte. On vous recommande aussi la section « macerie » du site « autistici ».
BREAKING NEWS : quand nous écrivions ces lignes, le profil Macerie Torino, principal canal d’information était encore disponible. Il a sauté dans la nuit du 13 février, entre 22h30 et 23h15.
POLICE PARTOUT, JUSTICE NULLE PART
Turin est sous occupation policière, les moindres faits et gestes des solidaires sont épiés en permanence et durement réprimés. Nous avons reçu des photos qui ont toutes été prises à Turin, à des heures et des lieux différents. Nous n’avons aucun moyen de les authentifier ni d’en donner les heures et lieux. Nous ne voudrions pas colporter de fake news, ni d’exagération. Cela dit, elles corroborent les récits que nous pouvons lire ici et là et donnent à voir une occupation policière de la ville assez terrible. Les micro-tentatives de solidarité sont nassées instantanément.
Le discours de l’état est martial, cherchant à faire peur, tant les militant.e.s concerné.e.s que la population. Il s’agit même d’une propagande à grande échelle, par voie de presse. Des articles de journaux plutôt sérieux parlent de l’attaque d’un bus de ligne avec des lacrymogènes lancés à l’intérieur par « les anarchistes ». Les fameuses grenades lacrymogènes du black bloc, c’est bien connu. #LaPoliceVousParle
Au delà de l’aspect risible de la chose, cette criminalisation massive des militant.e.s (3 sont accusés de terrorisme, les autres d’associations de malfaiteurs et/ou violences si nous avons bien compris), cette présence policière exceptionnelle en de nombreux points de la ville, cette répression judiciaire et administrative, cette propagande énorme, doivent nous interpeller toutes et tous. #ToutLeMondeDetesteLaPolice
Au détour du communiqué des occupant-e-s visible sur autistici.org (lien en bas de texte), on apprend aussi que 4 blessés graves se trouvaient à l’hôpital, que l’hôpital est investi par les forces du désordre, et qu’au moins une personne s’est vue notifier son arrestation à l’hôpital. Elle aurait été arrêtée sur le paillasson de l’hôpital aux dernières nouvelles.
Aujourd’hui se tenait un rassemblement de soutien, et la police a chargé les gens qui s’y rendaient, à l’intérieur d’un tram bondé, en tenue anti-émeute.
Nos camarades de Patria Socialista écrivent « policiers anti-émeutes qui, sur un tram plein de gens, chargent les personnes qui veulent rejoindre un rassemblement. Scènes que l’on n’avait pas vu depuis très longtemps, mais que, nous en sommes sûrs, nous verrons toujours plus, d’aujourd’hui à l’avenir » en décrivant cette vidéo de l’ACAD Associazione Contro gli Abusi in Divisa – Onlus : https://www.facebook.com/AcadOnlus/videos/448090482397342/
Une autre scène du même type, où la police bloque un tram, entre dans le tram et fait sortir de force sans raison apparente une passagère racisée, qui crie « fascistes, fascistes » : https://www.facebook.com/localteamtv/videos/389546135143388/
La police anti-émeute chargeant dans un tram bondé les gens se rendant à un rassemblement. Nous avons beau diffuser les images et l’écrire noir sur blanc, cela semble dur à croire, à admettre. Et pourtant, voilà ce qu’est l’Italie de Matteo Salvini. Voilà ce qu’est une société fascisante, qui s’assume de plus en plus. Elle ne tue pas encore ses opposants politiques de manière assumée et en nombre. Mais elle s’éloigne toujours plus des caractéristiques qui fondent les sociétés démocratiques des républiques bourgeoises que nous connaissons. Nos démocraties se durcissent un peu partout. Que ce soit Castaner ou Salvini, Orban ou Trump, nous penchons toujours plus vers Poutine et Erdogan, vers un ordre social autoritaire, voire totalitaire. #NeVivonsPlusCommeDesEsclaves
CONTRE LA REPRESSION, SOLIDARITE !
Notre arme, c’est la solidarité. De nombreux cortèges se tiennent à Turin et se tiendront probablement dans le reste de l’Italie.
Que celles et ceux qui le peuvent s’y joignent.
Il est évident qu’il semble compliqué pour beaucoup de pouvoir se déplacer. Il y a plein d’autres manières d’apporter sa solidarité.
Partager ce post, par exemple, donner à la caisse de soutien, envoyer des lettres aux camarades prisonniers, tagguer des messages de soutien sur les murs, organiser des rassemblements, une visite des consulats italiens, publier des communiqués, des articles, installer des banderoles et messages de soutien, distribuer des tracts …
Tout est à faire, pour que ça se sache. Et comme le disait Brigada Flores Magon, ça se paiera ! https://www.youtube.com/watch?v=zgWKQmy89kk
Pour écrire aux camarades (nous nous permettons de diffuser les noms, car ils ont été diffusés via le communiqué du 10 février), vous pouvez leur écrire même une petite carte en anglais, ça fera toujours plaisir, et ça apporte un soutien moral et psychologique très important :
Rizzo Antonio
Salvato Lorenzo
Ruggeri Silvia
Volpacchio Giada
Blasi Niccolò
De Salvatore Giuseppe
Antonello Italiano
Irene Livolsi
Giulia Gatta
Giulia Travain
Fulvio Erasmo
Caterina Sessa
Martina Sacchetti
Carlo De Maur
Adresse de la prison de Turin :
C.C. Lorusso e Cutugno
via Maria Adelaide Aglietta, 35,
10149 Torino TO.
Italie
Les arrestations sont nombreuses, et certain.e.s avec des accusations graves qui les contraindront à la détention pour un temps long. Nous appelons toutes les personnes solidaires à envoyer un don pour les soutenir au compte bancaire de Giulia Merlini et Pisano Marco
IBAN IT61Y0347501605CC0011856712
ABI 03475 CAB 01605
BIC INGBITD1
MASSIMA SOLIDARIETA
LIBER* TUTT*
LIBERONS-LES !
SOLIDARITE MAXIMUM
BREAKING NEWS : « 11 personnes arrêtées durant la manifestation de samedi vont être relâchées sous peu, elles pourront quitter la prison sous peu, mais elles devront se soumettre à un contrôle judiciaire : aller signer quotidiennement dans un commissariat.
Parmi les chefs d’accusations, le juge d’instruction (si nous ne nous trompons pas sur la traduction de « gip ») a confirmé seulement celui de résistance envers un agent public (comparable à celui de rébellion en France) lors de leur arrestation. La solidarité de ces derniers jours a complètement coulé les actions du préfet, du maire et du premier adjoint, leur politique de terre brûlée autour des arrêté.e.s et leur tentative de diviser les manifestants entre bons et méchants. »
dans un communiqué tout récent de Macerie, lisible ici en italien : https://www.autistici.org/macerie/?p=33338
Dans les années 1970 jusqu’à aujourd’hui, les arguments des gauches communistes sur l’alliance entre antifascistes et démocratie bourgeoise est repris par une nouvelle génération de théoriciens. La critique par Dauvé de « l’idéologie antifasciste » est construite contre un véritable homme de paille: si au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale les partis politiques du bloc occidental ont pu se revendiquer de certaines formes de démocratisme, la prise en compte de la spécificité du fascisme est, dans un contexte d’entrée dans la Guerre Froide, vite rejetée au profit du concept creux de totalitarisme. La question de la spécificité de l’antisémitisme n’est alors à aucun moment prise en compte, les crimes nazis étant relativisés et mis dans le même panier que toutes les autres horreurs du capitalisme, stalinisme compris, sans jamais se soucier de situer historiquement et socialement la violence de l’Etat, du capital et des rapports de classe en général. Cette relativisation conduit une partie de l’ultra-gauche des années 1970 à soutenir et diffuser les thèses négationnistes
Si dans les années 1980 une partie de l’antifascisme et de l’antiracisme a pu être récupérée par la gauche bourgeoise et blanche (on pense en France aux initiatives venues du Parti Socialiste SOS Racisme et Touche pas à mon pote), on remarque aujourd’hui que les liens entre antifascisme et sociale-démocratie sont plus ténus que jamais, les antifa se retrouvant à lutter autant contre l’Etat, les partis bourgeois (le PS dans le mouvement contre la Loi Travail, les politiques anti-immigration du gouvernement de Macron) que les fascistes. D’une manière générale notre critique de l’antifascisme recoupe une grande partie de nos critique contre le militantisme en général: folklorisation, manque de lisibilité politique et abandon des problématiques d’exploitation.
De l’Antifascisme aux Antifa
Le critique de l’antifascisme le plus souvent invoqué à gauche est Gilles Dauvé, un communiste français de l’après 68 qui a tenté d’opérer une synthèse de la gauche communiste de Bordiga et du communisme de conseil germano-hollandais. Dauvé développe sa critique de l’antifascisme dans l’introduction qu’il a écrite à plusieurs textes de la revue Bilan consacrés à cette thématique, traduite en anglais sous le nom de « Fascism/Antifascism » en 1982, puis retravaillée dans le texte « Quand meurent les insurrections » en 1998. Dauvé y décrit l’antifascisme avec mépris, comme « pire produit du fascisme », dans la mesure où il finit par prendre la défense de cela même qui produit le fascisme, à savoir le capitalisme et l’Etat capitaliste.
Ces critiques furent formulées avant l’apparition des groupes antifascistes militants des années 1980, apparus dans toute l’Europe et aux États-Unis pour contrer la prolifération des skinheads Nazis. Bien que Dauvé et d’autres comme lui étaient sceptiques quant à l’efficacité de ces milieux, leurs critiques visaient plutôt les tactiques de Fronts populaire des années 1970 dans des contextes comme celui du Chili et du Portugal. Dans la plus grande partie de l’Europe, cependant, les partis fascistes ont été interdits ou contraints à la clandestinité après 1945, et ne sont réapparus que dans les années 1980 et 1990 via des groupes underground de la culture skinhead ou des organisations terroristes clandestines. Dans le même temps, à travers la la quasi totalité de la période d’après-guerre, les coalitions de gauche au pouvoir dans toute l’Europe avaient abandonné leurs intentions socialistes et adopté la restructuration néolibérale. Sans coalition de gauche à laquelle s’attacher et avec peu d’adversaires fascistes, l’antifascisme a largement disparu en tant que mouvement de rue.
Traduction de la première partie du texte du magazine Commune « Anti-Anti-Antifa » nous permettant d’envisager la question de l’opposition au fascisme tout en conservant une optique prolétarienne et révolutionnaire. La résurgence de la menace fasciste, particulièrement visible aux Etats-Unis, n’épargne pas les pays Européens, notamment la France. La réaction aux avatars contemporains du fascisme (l’Alt-right, les Identitaires, antisémites et autres nationalistes blancs) s’avère plus nécessaire que jamais, mais pose la question des alliances politiques à effectuer.
Si le cliché de l’alliance entre antifascistes et bourgeoisie libérale est plutôt porté par les héritiers du fascisme et par la droite réactionnaire, la tendance à l’association avec la démocratie bourgeoise a pu être mobilisée par le camp révolutionnaire, bien souvent de manière systématique et anachronique. Les premières critiques de l’antifascisme avancées par le leader de la gauche communiste italienne Amedeo Bordiga, puis par Léon Trotsky durant la guerre d’Espagne ont principalement concerné l’opposition aux « Fronts républicains ». Ils considéraient, à juste titre, que le mouvement ouvrier ne pouvait se permettre de pactiser avec les partis bourgeois et se borner à une simple défense de la démocratie.
Or ces critiques, utilisées de manière anachronique, ne prennent pas en compte la mutation de la menace fasciste tout comme la désagrégation du mouvement ouvrier. La perspective de la lutte contre le fascisme doit alors être analysée en considérant les limites de la recomposition politique faisant suite à la restructuration du capitalisme dans les années 1970.
Les fascistes d’aujourd’hui ne sont pas les fascistes d’hier. Et les antifascistes d’aujourd’hui ne sont pas les antifascistes d’hier. De quoi demain sera fait ?
2017 est l’année où « l’alt-right » est devenue mainstream. En organisant des rassemblements dans tous les Etats-Unis elle a tenu les rues par la violence directe et avec la complicité de la police. La manifestation « Unite the Right » à Charlottesville en août 2017 s’était voulue une démonstration de force, l’occasion de représenter le front uni que l’alt-right avait construit avec les conservateurs traditionnels. Au lieu de cela, elle a marqué la fin de leur élan, et finalement, de leur mouvement. Aujourd’hui, ce front uni s’est effondré. Dans la plupart des cas, leurs manifestations publiques sont revenues à leur taille d’avant 2016, et dépendent entièrement de la protection de l’État. Plus d’un an après Charlottesville, nous pouvons affirmer que ces mobilisations antifascistes sont une victoire – l’une des trop rares victoires de la gauche radicale sous la présidence Trump.
NDLR : La démocratie représentative n’est que le paravent d’un autoritarisme servant les intérêts des oligarques. Et que ces dernier embrasseront le fascisme si leurs pouvoirs sont menacés. Sans pour autant affirmer que la démocratie directe débarassée de l’état serait la solution, tout ce que je veux..
c’est l’anarchie !