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18ème foire internationale du livre alternatif et libertaire

Des dizaines d’éditeurs et de distributeurs indépendants, des ONG et des groupes d’action de Belgique, des Pays-Bas, de France et du Royaume-Uni, entre autres, présenteront leurs publications à la foire.
L’accès au salon du livre est gratuit. Plusieurs stands présenteront des livres en français !
Les portes s’ouvrent à 10 heures et la foire se poursuit jusqu’à 18 heures à De Schuur/Timelab, Meibloemstraat 86, Gand.

Cette année, la Foire du livre alternatif de Gand est (bien sûr), accueillant également sa traditionnelle afterparty.

Après la foire du livre de cette année, nous aurons l’occasion de secouer une jambe sur les airs de :Nice Guys (Ska) et Black Vortex Engine (Dub)

Un des rares rendez-vous anar du plat pays !

 

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[Histoire] Expériences autogestionnaires en Belgique (2/2)

Auteur : | 30 Jan 2012

La Belgique a connu à l’hiver 60-61 un grève générale causée en partie par une politique de rigueur dans un contexte de dette publique élevée, et de décolonisation du Congo Belge. L’industrialisation Belge a été l’une des plus précoce, et le taux d’emploi industriel est l’un des plus élevé d’Europe à cette période. Pourtant, l’industrie Wallonne (acier, mines, textiles,…) décline : défaut d’investissement, perte de débouchés, chômage élevé. En Flandres, à l’inverse, les capitaux affluent depuis la fin de la seconde guerre mondiale, de nouvelles industries se développent, et donnent un poids croissant à la région. La grève générale aura des conséquences politiques, et débouchera sur une demande d’autonomie plus grande de la Wallonnie.

Cet article fait suite à la première partie qui a abordé deux expériences autogestionnaires, la société coopérative Les Textiles d’Ere, et La société coopérative L’Espérance.

1975. La société coopérative «Le balai libéré»

Au départ de l’aventure du Balai libéré, il y a la revendication de meilleures conditions de travail. Jusqu’en février 1975, la société de nettoyage ANIC effectuait en sous-traitance les travaux de nettoyage pour l’Université Catholique de Louvain sur le site de Louvain-La-Neuve (Ottignies). Un premier conflit éclate en novembre 1974. Les griefs des ouvrières sont nombreux. Elles sont payées 78 francs brut de l’heure alors que le tarif normal est de 102 francs. Les frais de déplacement ne sont pas remboursés et, lorsqu’elles cassent du matériel, elles encourent une amende. Elles ne bénéficient pas de vêtements de travail. Certaines travaillent pendant des mois sans être déclarées. Le patron interdit aux ouvrières de fréquenter les cafétérias de l’université ou d’adresser la parole aux «consommateurs». A cela s’ajoute, les brimades quotidiennes d’un brigadier particulièrement odieux, les traitant sans aucun respect.

Suite à une restriction budgétaire de l’UCL, le directeur de la société décide d’envoyer, sans aucune concertation, une vingtaine de travailleuses sur un chantier à Recogne en Ardenne, à 150 km de là.

Le 25 février 1975, les travailleuses se mettent en grève. Elles réfléchissent à l’utilité d’avoir un patron pour effectuer un travail qu’elles connaissent mieux que quiconque et après plusieurs jours de réflexion, adressent une lettre de licenciement à leur patron et à leur brigadier. «Réunies depuis une semaine dans des groupes de travail et en assemblée générale, les ouvrières de feu votre firme ont constaté ce qui suit : tout d’abord nous constatons après une étude approfondie de notre travail que nous pouvons parfaitement l’organiser entre nous. (…) Ensuite, nous découvrons que votre rôle principal a été de nous acheter notre force de travail à un prix négligeable pour la revendre à un prix d’or à l’UCL (…) Nous sommes au regret de vous signifier votre licenciement sur le champ pour motif grave contre vos ouvrières».8

Le 10 mars 1975, elles constituent une asbl «Le Balai Libéré» avec l’appui actif de la CSC du Brabant wallon. L’Institut Cardijn leur prête 50 000 francs et elles obtiennent le contrat de nettoyage de l’UCL. En 1978, l’asbl connaît des moments difficiles : un budget sous-évalué, trop d’investissement dans les machines, dans les produits. Elles doivent adopter un plan de crise : pas d’augmentation salariale, le chômage tournant, un jour sur cinq.

En juillet 1979, l’association se convertit en coopérative. La plupart des nettoyeuses et les 6 laveurs et laveuses de vitres prennent des parts dans la coopérative (3 000 francs). Des 35 personnes en 1975, elles sont 96 en 1980. Société de service, fonctionnant à partir d’un cahier de charge, l’investissement en machines et en produits est au départ réduit. Les travailleuses améliorent les conditions de travail : meilleure coordination, conception des horaires liés au transport en commun, aux contraintes de la vie, égalité dans les salaires et augmentation des salaires au barème du secteur, avantages sociaux (par exemple absence sans perte de salaire pour maladie d’un enfant).

Ce qui diffère dans l’entreprise autogérée, c’est le climat de solidarité entre travailleurs, même si des difficultés tant externes qu’internes existent. Externes, comme le fait que l’université est un client difficile, qui joue parfois le patron ou comme le fait que beaucoup sur le site veulent jouer les petits chefs. Internes, comme, par exemple, que les laveurs de vitre se sentent parfois en minorité ou que ce sont souvent les mêmes ouvrières qui s’investissent dans le projet pour le mener à bien.

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[Autogestion] Expériences autogestionnaires en Belgique (1/2)

La Belgique a connu à l’hiver 60-61 un grève générale causée en partie par une politique de rigueur dans un contexte de dette publique élevée, et de décolonisation du Congo Belge. L’industrialisation Belge a été l’une des plus précoce, et le taux d’emploi industriel est l’un des plus élevé d’Europe à cette période. Pourtant, l’industrie Wallonne (acier, mines, textiles,…) décline : défaut d’investissement, perte de débouchés, chômage élevé. En Flandres, à l’inverse, les capitaux affluent depuis la fin de la seconde guerre mondiale, de nouvelles industries se développent, et donnent un poids croissant à la région. La grève générale aura des conséquences politiques, et débouchera sur une demande d’autonomie plus grande de la Wallonnie.

Début des années 1970, la crise économique touche de plein fouet le tissu industriel wallon. Les fermetures d’entreprises se multiplient. Des travailleurs, privés brutalement de leur emploi, recourent à des nouvelles formes de luttes. Ils occupent les usines. Pour sauver l’outil ou garder les clients, ils produisent, vendent et suppléent le patronat défaillant. L’expérience autogestionnaire de Lip, à Besançon, en France, sert de modèle. Ce nouveau mode d’action qui remet en question le principe de la propriété de l’actionnaire et de l’autorité du patronat, puise sa justification dans les débats menés, dans la foulée de Mai 68, par le mouvement ouvrier sur le contrôle ouvrier, l’autogestion et la cogestion.

La Belgique connaît des expériences similaires, dans des entreprises où les travailleuses sont majoritaires. Elles s’engagent dans la lutte pour la sauvegarde de leur emploi. La création de coopérative de production autogérée est vécue comme un moyen de suppléer au manque d’initiative industrielle et comme alternative au chômage. Les deux organisations syndicales n’auront pas la même attitude. Si la FGTB (NDLR : centrale syndicale, tendance socialiste) soutient l’occupation des poêleries SOMY à Couvin, la plupart des expériences en autoproduction relève de la CSC [NDLR : centrale syndicat chrétien]. Elle créera en 1980, l’ASBL [NDLR : association sans but lucratif] «La Fondation André Oleffe1» pour assurer le suivi de ces initiatives industrielles et la formation des travailleurs à l’autogestion2.

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