[ACAB] Tout le monde déteste vraiment la police ^^

Le tag s'étire sur environ 60 mètres, face au canal.

  Le tag s’étire sur environ 60 mètres, face au canal.

Trouvé sur la RTBF le vendredi 08 février 2019

C’est un immense tag qui a la vie dure, chaussée de Vilvorde. Sur l’un des murs du domaine royal de Laeken, où résident le Roi et la Reine, une inscription qui s’étend sur 60 mètres est rédigée en blanc et en vert. Celle-ci est visible depuis près de six mois et indique: « La police tue. 98-18. La police tue toujours » suivi de: « Semira. Mawda. La police assassine« . En marge, l’acronyme ACAB pour « All cops are bastards ». A traduire par: « Tous les policiers sont des bâtards« .

Impossible de déterminer avec précision de quand date ce tag ni l’identité des auteurs. Ce qui est certain, c’est qu’il remonte au mois de septembre dernier, au moment des commémorations de la mort de Semira Adamu. Semira Adamu, demandeuse d’asile nigériane, mourrait après avoir été étouffée par un gendarme à l’aide d’un coussin, au moment de son rapatriement forcé vers son pays d’origine. Un choc dans le pays et au sein des forces de l’ordre. 20 ans après, plusieurs associations qui viennent en aide aux réfugiés ou luttant contre les violences policières ont voulu rappeler cet événement.

20 ans de la mort de Semira Adamu, en septembre dernier, des activistes ont donc tagué une façade symbolique, celle du roi des Belges en effectuant un parallèle avec un événement récent, la mort de Mawda, deux ans, tuée par balle après une course-poursuite avec la police.

Un irrespect de la part des autorités

Depuis, impossible de passer à côté de cette inscription. Vu son ancienneté, le tag fait réagir au sein de la police. Vincent Gilles du syndicat SLFP-Police, déclare vertement: « On pourrait penser que ce tag est anecdotique mais il illustre quelque chose de beaucoup plus grave tant à l’égard de la police et des policiers qu’à l’égard de la société. Qui est responsable du fait que ce tag soit toujours là? Selon moi, toute autorité compétente et en premier lieu le propriétaire du mur qui a la responsabilité de l’effacement, voire d’entamer des poursuites. On ne peut pas imaginer que les gestionnaires du domaine royal n’aient pas vu ce tag. Reste que l’autorité administrative a également une énorme responsabilité. La Ville de Bruxelles a certainement été alertée soit par le propriétaire, soit par un agent communal. Nous constatons que le bourgmestre ou du moins l’administration communale n’a pas autant de respect qu’elle prétend en avoir pour la police et les policiers. »

[Buvons ces larmes de keufs XD XD XD]

Vincent Gilles poursuit quant au message en lui-même: « Si la police ou un policier a commis des erreurs qui ont amené à un décès ou un préjudice grave à l’égard d’un citoyen, cela n’est pas resté impuni car nous sommes en démocratie. Dès lors, il est important que cette institution qu’est la police soit respectée. Cet tag est l’illustration d’un total irrespect à l’égard de la police. Pas un irrespect de la part de l’auteur du tag, qui émet ici son opinion, quelle qu’elle soit. Mais un irrespect de la part de toutes les autorités responsables qui laissent ce tag depuis des mois. »

Le dossier est à l’étude

Contacté, le Palais royal nous répond que « les procédures concernant l’effacement du tag sont lancées« . Il faut rappeler que le domaine royal de Laeken a deux propriétaires: la Régie des Bâtiments (Etat fédéral, 49%) et de la Donation royale (51%). Ce qui rend la prise de décision moins évidente.

La Ville de Bruxelles, de son côté, dispose d’un service anti-tag. Mais celui-ci ne peut intervenir qu’après une demande formelle d’un propriétaire. Une intervention gratuite moyennant la signature d’une décharge. « Nous sommes disposés à intervenir s’il y a une demande« , conclut l’échevine de la Propreté publique Zoubida Jellab (Ecolo).

[Histoire] Expériences autogestionnaires en Belgique (2/2)

Auteur : | 30 Jan 2012

La Belgique a connu à l’hiver 60-61 un grève générale causée en partie par une politique de rigueur dans un contexte de dette publique élevée, et de décolonisation du Congo Belge. L’industrialisation Belge a été l’une des plus précoce, et le taux d’emploi industriel est l’un des plus élevé d’Europe à cette période. Pourtant, l’industrie Wallonne (acier, mines, textiles,…) décline : défaut d’investissement, perte de débouchés, chômage élevé. En Flandres, à l’inverse, les capitaux affluent depuis la fin de la seconde guerre mondiale, de nouvelles industries se développent, et donnent un poids croissant à la région. La grève générale aura des conséquences politiques, et débouchera sur une demande d’autonomie plus grande de la Wallonnie.

Cet article fait suite à la première partie qui a abordé deux expériences autogestionnaires, la société coopérative Les Textiles d’Ere, et La société coopérative L’Espérance.

1975. La société coopérative «Le balai libéré»

Au départ de l’aventure du Balai libéré, il y a la revendication de meilleures conditions de travail. Jusqu’en février 1975, la société de nettoyage ANIC effectuait en sous-traitance les travaux de nettoyage pour l’Université Catholique de Louvain sur le site de Louvain-La-Neuve (Ottignies). Un premier conflit éclate en novembre 1974. Les griefs des ouvrières sont nombreux. Elles sont payées 78 francs brut de l’heure alors que le tarif normal est de 102 francs. Les frais de déplacement ne sont pas remboursés et, lorsqu’elles cassent du matériel, elles encourent une amende. Elles ne bénéficient pas de vêtements de travail. Certaines travaillent pendant des mois sans être déclarées. Le patron interdit aux ouvrières de fréquenter les cafétérias de l’université ou d’adresser la parole aux «consommateurs». A cela s’ajoute, les brimades quotidiennes d’un brigadier particulièrement odieux, les traitant sans aucun respect.

Suite à une restriction budgétaire de l’UCL, le directeur de la société décide d’envoyer, sans aucune concertation, une vingtaine de travailleuses sur un chantier à Recogne en Ardenne, à 150 km de là.

Le 25 février 1975, les travailleuses se mettent en grève. Elles réfléchissent à l’utilité d’avoir un patron pour effectuer un travail qu’elles connaissent mieux que quiconque et après plusieurs jours de réflexion, adressent une lettre de licenciement à leur patron et à leur brigadier. «Réunies depuis une semaine dans des groupes de travail et en assemblée générale, les ouvrières de feu votre firme ont constaté ce qui suit : tout d’abord nous constatons après une étude approfondie de notre travail que nous pouvons parfaitement l’organiser entre nous. (…) Ensuite, nous découvrons que votre rôle principal a été de nous acheter notre force de travail à un prix négligeable pour la revendre à un prix d’or à l’UCL (…) Nous sommes au regret de vous signifier votre licenciement sur le champ pour motif grave contre vos ouvrières».8

Le 10 mars 1975, elles constituent une asbl «Le Balai Libéré» avec l’appui actif de la CSC du Brabant wallon. L’Institut Cardijn leur prête 50 000 francs et elles obtiennent le contrat de nettoyage de l’UCL. En 1978, l’asbl connaît des moments difficiles : un budget sous-évalué, trop d’investissement dans les machines, dans les produits. Elles doivent adopter un plan de crise : pas d’augmentation salariale, le chômage tournant, un jour sur cinq.

En juillet 1979, l’association se convertit en coopérative. La plupart des nettoyeuses et les 6 laveurs et laveuses de vitres prennent des parts dans la coopérative (3 000 francs). Des 35 personnes en 1975, elles sont 96 en 1980. Société de service, fonctionnant à partir d’un cahier de charge, l’investissement en machines et en produits est au départ réduit. Les travailleuses améliorent les conditions de travail : meilleure coordination, conception des horaires liés au transport en commun, aux contraintes de la vie, égalité dans les salaires et augmentation des salaires au barème du secteur, avantages sociaux (par exemple absence sans perte de salaire pour maladie d’un enfant).

Ce qui diffère dans l’entreprise autogérée, c’est le climat de solidarité entre travailleurs, même si des difficultés tant externes qu’internes existent. Externes, comme le fait que l’université est un client difficile, qui joue parfois le patron ou comme le fait que beaucoup sur le site veulent jouer les petits chefs. Internes, comme, par exemple, que les laveurs de vitre se sentent parfois en minorité ou que ce sont souvent les mêmes ouvrières qui s’investissent dans le projet pour le mener à bien.

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[Analyse] Anti-Anti-Antifa (2/2) : L’antifascisme et la lutte contre l’Etat

Du site Agitation Autonome.

Suite et fin de l’article de la revue Commune sur l’antifascisme. La première partie que nous avons intitulé « L’antifascisme et la tactique du front républicain » est à lire en cliquant sur ce lien.

Dans les années 1970 jusqu’à aujourd’hui, les arguments des gauches communistes sur l’alliance entre antifascistes et démocratie bourgeoise est repris par une nouvelle génération de théoriciens. La critique par Dauvé de « l’idéologie antifasciste » est construite contre un véritable homme de paille: si au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale les partis politiques du bloc occidental ont pu se revendiquer de certaines formes de démocratisme, la prise en compte de la spécificité du fascisme est, dans un contexte d’entrée dans la Guerre Froide, vite rejetée au profit du concept creux de totalitarisme. La question de la spécificité de l’antisémitisme n’est alors à aucun moment prise en compte, les crimes nazis étant relativisés et mis dans le même panier que toutes les autres horreurs du capitalisme, stalinisme compris, sans jamais se soucier de situer historiquement et socialement la violence de l’Etat, du capital et des rapports de classe en général. Cette relativisation conduit une partie de l’ultra-gauche des années 1970 à soutenir et diffuser les thèses négationnistes

Si dans les années 1980 une partie de l’antifascisme et de l’antiracisme a pu être récupérée par la gauche bourgeoise et blanche (on pense en France aux initiatives venues du Parti Socialiste SOS Racisme et Touche pas à mon pote), on remarque aujourd’hui que les liens entre antifascisme et sociale-démocratie sont plus ténus que jamais, les antifa se retrouvant à lutter autant contre l’Etat, les partis bourgeois (le PS dans le mouvement contre la Loi Travail, les politiques anti-immigration du gouvernement de Macron) que les fascistes. D’une manière générale notre critique de l’antifascisme recoupe une grande partie de nos critique contre le militantisme en général: folklorisation, manque de lisibilité politique et abandon des problématiques d’exploitation.

De l’Antifascisme aux Antifa

Le critique de l’antifascisme le plus souvent invoqué à gauche est Gilles Dauvé, un communiste français de l’après 68 qui a tenté d’opérer une synthèse de la gauche communiste de Bordiga et du communisme de conseil germano-hollandais. Dauvé développe sa critique de l’antifascisme dans l’introduction qu’il a écrite à plusieurs textes de la revue Bilan consacrés à cette thématique, traduite en anglais sous le nom de « Fascism/Antifascism » en 1982, puis retravaillée dans le texte « Quand meurent les insurrections » en 1998. Dauvé y décrit l’antifascisme avec mépris, comme « pire produit du fascisme », dans la mesure où il finit par prendre la défense de cela même qui produit le fascisme, à savoir le capitalisme et l’Etat capitaliste.

Ces critiques furent formulées avant l’apparition des groupes antifascistes militants des années 1980, apparus dans toute l’Europe et aux États-Unis pour contrer la prolifération des skinheads Nazis. Bien que Dauvé et d’autres comme lui étaient sceptiques quant à l’efficacité de ces milieux, leurs critiques visaient plutôt les tactiques de Fronts populaire des années 1970 dans des contextes comme celui du Chili et du Portugal. Dans la plus grande partie de l’Europe, cependant, les partis fascistes ont été interdits ou contraints à la clandestinité après 1945, et ne sont réapparus que dans les années 1980 et 1990 via des groupes underground de la culture skinhead ou des organisations terroristes clandestines. Dans le même temps, à travers la la quasi totalité de la période d’après-guerre, les coalitions de gauche au pouvoir dans toute l’Europe avaient abandonné leurs intentions socialistes et adopté la restructuration néolibérale. Sans coalition de gauche à laquelle s’attacher et avec peu d’adversaires fascistes, l’antifascisme a largement disparu en tant que mouvement de rue.

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[La police travaille] Coups, intimidation, harcèlement: 21 policiers impliqués dans 531 faits

Le comité P – la police des police déjà dénoncé pour sa partialité – fait quelques révélations sur la face immergée de l’iceberg des violences policières. Comme d’hab l’analyse des journaleux tente de nous faire gober que ce serait seulement le fait de quelques individus violents salissant la profession alors qu’il suffit de les subir un minimum pour piger que cette violence est encouragée et encadrée par la loi.
On ne veut pas de bons flics, on ne veut plus de police du tout !
Coups, intimidation, harcèlement: 21 policiers impliqués dans 531 faits majoritairement liés à la violence
RTBF le 7/02/19

Qu’est-ce qui favorise la violence policière? Un profil, un contexte, une organisation de travail? Quelles sont solutions face à ce phénomène? Pour tenter de répondre à ces questions, le comité P – la police des polices – s’est basé sur des cas précis et a sorti les dossiers de 21 policiers déjà signalés auprès de ses services pour des faits de violences.

Qui sont-ils? Ces policiers viennent de 14 zones de polices différentes, dont un service de police fédérale. Ils sont tous inspecteurs ou inspecteur en chef dans des services opérationnels de première ligne. Pour chacun d’eux, le comité P a sorti l’ensemble des dossiers mettant en cause au moins un élément de violence, sans tenir compte de la nature des faits ou l’issue de l’affaire.

Violence, menace, agressivité

Entre 2001 et 2016, 531 faits – tous confondus – ont été enregistrés pour ces 21 policiers. Chacun ayant à son actif entre 12 et 47 faits. Si on va dans le détail :

177 faits (33%) ont trait à de la violence contre des personnes ou des biens

– 105 faits (19,8%) dénoncent de l’agressivité ou de l’intimidation

-27 faits (5,1%) sont des menaces

-31 faits (5,8%) ont trait a un manque de respect ou des insultes.

La moitié de ces policiers a déjà été dénoncé pour des faits de harcèlement au travail et un quart de ces policiers a aussi été dénoncé pour des violences intrafamiliales sur leur (ex) partenaire.

3 sont spécialistes en maîtrise de la violence et 7 forment les nouveaux

A lire ce descriptif, il y a déjà de quoi avoir froid dans le dos. Mais le plus étonnant, c’est que ces policiers sont toujours en fonction. Pire, trois de ces policiers ont même obtenu le brevet de spécialiste en maîtrise de la violence et forment donc leur collègue à cette question. Parmi eux, 7  sont aussi  » Mentor « , c’est-à-dire chargé d’accueillir et aider les nouvelles recrues à découvrir le métier.

Bref, tous les signaux d’alertes et filtres qui devraient s’enclencher ne fonctionnent clairement pas bien aussi sein de la police.

Pas assez de sanctions

Ainsi, le rapport du comité P souligne  » le manque de mesures concrètes ayant un impact concret » . C’est le cas notamment des sanctions disciplinaires, trop peu utilisées. « Ces faits ne sont in fine pas poursuivis (ni sanctionnés), et ce pour diverses raisons telles que l’absence d’éléments concrets, une situation de parole contre parole, un dépassement du délai raisonnable ». Or, cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de violence pour autant.

Certains responsables ou chef de service restent par exemple inactifs car une procédure judiciaire est en cours et se retrouve à la fin de celle-ci hors délais pour entamer une procédure disciplinaire. A l’inverse, d’autres ne sanctionnent pas parce qu’il n’y a pas de procédure judiciaire. Pourtant, le rapport est clair: judiciaire et disciplinaire ne sont pas liés, ne poursuivent pas la même finalité, le chef ne doit donc pas se sentir lié par la procédure judiciaire.

Mais au delà des questions de procédure, l’enquête évoque aussi une forme de frilosité à sanctionner et une forme de recherche de la paix sociale. « Cette prédominance de la paix sociale peut entraîner la persistance, voire le renforcement, de comportements et d’attitudes inadéquats chez certains membres du personnel. La discipline prendra le relais quand le membre du personnel a vraiment dépassé les limites, quand culturellement la direction ne peut rien faire d’autre que d’agir sur le plan disciplinaire, » note le rapport.

Des responsables pas au courant, consentants ou démunis

Autre problème: les informations sur le  » pédigrée  » des policiers violents ne circulent pas assez et pas bien, que ce soit entre les services du recrutement et de la sélection, les académies et les corps de police. Ainsi, les enquêtes disciplinaires, parfois nombreuses, ne se retrouvent pas souvent dans les dossiers personnels des policiers, soit parce qu’elles n’aboutissent pas, soit parce que la loi prévoit que les sanctions soient effacées des dossiers personnels après 2 à 5 ans. Or, certains éléments peuvent être utiles aux ressources humaines ou a un chef de corps. Par exemple lorsque le policier veut accéder à de nouvelles fonctions, changer de service ou obtenir le brevet pour former ses collègues à la maîtrise de la violence.

Lorsque le policiers violent est depuis plusieurs années dans un même service, ses chefs de service sont souvent conscients du problème mais n’agissent pas toujours en conséquence. L’enquête évoque deux cas de figure.  Le chef ne considère pas vraiment la situation comme problématique puisque le policier est par ailleurs très motivé et impliqué dans son travail. Autre situation: le chef voudrait faire quelques choses mais ne trouve pas de solutions car cela aurait un impact sur l’organisation du service.

Remédiation difficile

Dans certains cas, le service de contrôle disciplinaire peut proposer des formations pour le policier violent, par exemple en gestion de l’agressivité ou du stress.  Mais ces recommandations ne sont pas nécessairement suivies. Soit parce que le chef du policier estime  que ce n’est pas nécessaire, soit parce qu’il n’y a pas de place disponible dans ces formations.

[Analyse] Anti-Anti-Antifa (1/2) : L’antifascisme et la tactique du « Front républicain »

Traduction de la première partie du texte du magazine Commune « Anti-Anti-Antifa » nous permettant d’envisager la question de l’opposition au fascisme tout en conservant une optique prolétarienne et révolutionnaire. La résurgence de la menace fasciste, particulièrement visible aux Etats-Unis, n’épargne pas les pays Européens, notamment la France. La réaction aux avatars contemporains du fascisme (l’Alt-right, les Identitaires, antisémites et autres nationalistes blancs) s’avère plus nécessaire que jamais, mais pose la question des alliances politiques à effectuer.

Si le cliché de l’alliance entre antifascistes et bourgeoisie libérale est plutôt porté par les héritiers du fascisme et par la droite réactionnaire, la tendance à l’association avec la démocratie bourgeoise a pu être mobilisée par le camp révolutionnaire, bien souvent de manière systématique et anachronique. Les premières critiques de l’antifascisme avancées par le leader de la gauche communiste italienne Amedeo Bordiga, puis par Léon Trotsky durant la guerre d’Espagne ont principalement concerné l’opposition aux « Fronts républicains ». Ils considéraient, à juste titre, que le mouvement ouvrier ne pouvait se permettre de pactiser avec les partis bourgeois et se borner à une simple défense de la démocratie.

Or ces critiques, utilisées de manière anachronique, ne prennent pas en compte la mutation de la menace fasciste tout comme la désagrégation du mouvement ouvrier. La perspective de la lutte contre le fascisme doit alors être analysée en considérant les limites de la recomposition politique faisant suite à la restructuration du capitalisme dans les années 1970.

Les fascistes d’aujourd’hui ne sont pas les fascistes d’hier. Et les antifascistes d’aujourd’hui ne sont pas les antifascistes d’hier. De quoi demain sera fait ?

2017 est l’année où « l’alt-right » est devenue mainstream. En organisant des rassemblements dans tous les Etats-Unis elle a tenu les rues par la violence directe et avec la complicité de la police. La manifestation « Unite the Right » à Charlottesville en août 2017 s’était voulue une démonstration de force, l’occasion de représenter le front uni que l’alt-right avait construit avec les conservateurs traditionnels. Au lieu de cela, elle a marqué la fin de leur élan, et finalement, de leur mouvement. Aujourd’hui, ce front uni s’est effondré. Dans la plupart des cas, leurs manifestations publiques sont revenues à leur taille d’avant 2016, et dépendent entièrement de la protection de l’État.  Plus d’un an après Charlottesville, nous pouvons affirmer que ces mobilisations antifascistes sont une victoire – l’une des trop rares victoires de la gauche radicale sous la présidence Trump.

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