La Belgique a connu à l’hiver 60-61 un grève générale causée en partie par une politique de rigueur dans un contexte de dette publique élevée, et de décolonisation du Congo Belge. L’industrialisation Belge a été l’une des plus précoce, et le taux d’emploi industriel est l’un des plus élevé d’Europe à cette période. Pourtant, l’industrie Wallonne (acier, mines, textiles,…) décline : défaut d’investissement, perte de débouchés, chômage élevé. En Flandres, à l’inverse, les capitaux affluent depuis la fin de la seconde guerre mondiale, de nouvelles industries se développent, et donnent un poids croissant à la région. La grève générale aura des conséquences politiques, et débouchera sur une demande d’autonomie plus grande de la Wallonnie.
Début des années 1970, la crise économique touche de plein fouet le tissu industriel wallon. Les fermetures d’entreprises se multiplient. Des travailleurs, privés brutalement de leur emploi, recourent à des nouvelles formes de luttes. Ils occupent les usines. Pour sauver l’outil ou garder les clients, ils produisent, vendent et suppléent le patronat défaillant. L’expérience autogestionnaire de Lip, à Besançon, en France, sert de modèle. Ce nouveau mode d’action qui remet en question le principe de la propriété de l’actionnaire et de l’autorité du patronat, puise sa justification dans les débats menés, dans la foulée de Mai 68, par le mouvement ouvrier sur le contrôle ouvrier, l’autogestion et la cogestion.
La Belgique connaît des expériences similaires, dans des entreprises où les travailleuses sont majoritaires. Elles s’engagent dans la lutte pour la sauvegarde de leur emploi. La création de coopérative de production autogérée est vécue comme un moyen de suppléer au manque d’initiative industrielle et comme alternative au chômage. Les deux organisations syndicales n’auront pas la même attitude. Si la FGTB (NDLR : centrale syndicale, tendance socialiste) soutient l’occupation des poêleries SOMY à Couvin, la plupart des expériences en autoproduction relève de la CSC [NDLR : centrale syndicat chrétien]. Elle créera en 1980, l’ASBL [NDLR : association sans but lucratif] «La Fondation André Oleffe1» pour assurer le suivi de ces initiatives industrielles et la formation des travailleurs à l’autogestion2.